Deux Bénabar en un an ! « Indocile heureux » (dont la pandémie a interrompu la tournée) et « On lâche pas l’affaire » (incluant un duo avec Renaud). Rencontre aux Deux Magots avec l’un des cadors de la chanson française.
On lâche pas l’affaire, album de chanteur ?
Je trouvais que je chantais de plus en plus mal ! Avec l’expérience, on compense avec de petites ficelles, des astuces. J’ai donc repris des cours de chant. Je n’osais pas trop assumer mon côté chanteur. Sans doute un excès de pudeur… Ou la trouille de paraître prétentieux.
Ces deux albums sont plus intimes que les autres…
Je me suis fait un peu violence pour aller aussi loin. C’est le cas, par exemple, avec Monogame, une chanson écrite par Pierre-Yves Lebert. À ce jour, c’est la seule chanson que j’ai chantée mais pas écrite ; j’en ai seulement composé la musique.
Vous chantez Chez les Corses en duo avec Renaud. D’où vient votre amitié ?
Je suis un fan de toujours. Il habite à côté de chez moi dans le Luberon. Il m’a présenté ses copains corses, j’en ai fait une chanson ! Ce qu’il y a entre nous relève du sentimental et du naturel. S’il avait refusé la chanson, je ne l’aurais pas faite avec quelqu’un d’autre.
D’autres envies de duos ?
On réfléchit… Avec Claudio Capéo, on est très copains… Parfois il y a le côté copain, parfois c’est inattendu : ça pourrait aller de Vanessa Paradis à Jenifer !
L’amitié est nécessaire pour travailler avec quelqu’un ?
Pas forcément. Mais je suis très sentimental, je mélange tout rapidement !
Bien qu’intimes, vos textes parlent de la vie des autres. Être chanteur, c’est trouver les mots pour ceux qui vous écoutent ?
Il y a de ça mais il faut être prudent. Autrement, ce serait vaniteux. Je raconte quelque chose à ceux qui veulent bien m’écouter sans prétendre parler en leur nom.
On lâche pas l’affaire parle de notre époque. Faut-il que ce soit le cas pour chaque album ?
Le quotidien m’a toujours passionné. C’est de l’ordre de la chronique.
Trente ans après, on peut dater les choses. On s’ancre dans une époque, à l’instar de Houellebecq en littérature…
Vrai ! Mais je préfère lire des courants littéraires du XIXe, Balzac, les Naturalistes, les Réalistes… On peut faire des choses poétiques en parlant du quotidien.
En revanche, côté musique, votre album est moins ancré dans le présent. Aujourd’hui, on streame du rap, de l’urbain. Chez vous, on entend plutôt de la chanson française à la Brel ou Delpech !
Merci ! Je n’ai jamais couru après le jeunisme. Une chanson n’a pas besoin de coller à la mode pour être moderne. J’aime le côté intemporel.
Écrire un roman, ça vous tente ?
Pur fantasme ! J’aimerais plutôt écrire des nouvelles. C’est ce qui se rapproche le plus de l’écriture d’une chanson.
Un mot sur Saint-Germain ?
J’ai fait quatre albums aux studios Acousti, rue de Seine. Je connais bien le coin !
Un plat de prédilection ?
J’aime la cuisine française. Dans un endroit comme Les Deux Magots, j’adore le tartare. J’aime le plat qui correspond à l’endroit.
Propos recueillis par Cerise Romedenne