Une page de l’histoire de Saint-Germain-des-Prés s’est tournée avec la disparition de la chanteuse iconique.
Celle qui alliait la beauté au courage laisse un souvenir ébloui. Muse de la chanson française, figure mythique de l’émancipation féminine, symbole de l’existentialisme, la Jolie Môme Jujube s’en est allée, à 93 ans.
Ses obsèques ont été célébrées en l’église de Saint-Germain-des-Prés, en présence de nombreuses personnalités. Catherine Ringer a interprété, comme il se doit, « Il n’y a plus d’après à Saint-Germain des-Prés ». La chanteuse mythique repose désormais au cimetière du Montparnasse.
C’est au cœur de son « Saint-Germain chéri » que se révèle la jeune femme libre, curieuse, « dissipée » et « pas morale du tout » reconnaissait-elle. Elle y fréquente Merleau-Ponty – ils vont danser ensemble à la Rhumerie martiniquaise –, côtoie Simone de Beauvoir, Sartre, Raymond Queneau… Avec Boris Vian, elle anime les soirées du Tabou. C’est l’après-guerre, la France revit et découvre la musique noire américaine en croyant que l’existentialisme est un humanisme. « Je vis avec qui je veux quand je veux », revendiquait Gréco, restée jusqu’au bout une femme engagée mais hors clan, « non récupérable ». Elle nous manque déjà.
Photo © Jack de Nijs / Anefo