Voici bien longtemps que le débat est tranché, paraît-il. La fourrure est has been. Tuer les animaux c’est mal. Et s’en faire des manteaux est hors de question. Hélas, vous aimez les poils. Et la douceur.
Et donc vous avez craqué pour une fausse fourrure cet hiver et vous voici qui déambulez benoîtement dans les rues, la conscience tranquille. Or, autant vous le dire, malheureuse, vous êtes quand même en danger de fashion faux pas si vous n’avez pas pris soin de bien souligner qu’il s’agit de « faux ». Couleur improbable, introuvable dans la nature, poil visiblement synthétique : mettez le paquet pour qu’on repère l’artifice. Ne choisissez pas un vison, donc, trop ressemblant à un vrai vison par exemple. Sinon à quoi bon ? Outre le danger que vous courrez à Paris, en froissant potentiellement un militant de la Peta qui bombera votre dos de peinture rouge, personne ne s’apercevra que vous respectez trop les animaux pour éviter de les dépecer. Et vous risquerez de voir le caissier du Naturalia, où vous achetez votre quinoa au kilo en mettant toujours de la monnaie jaune dans la boîte « Sauvez les pandas », déchirer rageusement votre carte de fidélité. Par ailleurs, en soirée, veillez à toujours vous tenir à bonne distance des fumeurs. Composé de fibres à base de pétrole – polyester et acrylique – votre vêtement pourrait vous transformer en torche humaine s’il venait à croiser un mégot. Enfin, dans les boutiques, prenez un air détaché et assuré. Les vendeuses repèrent immédiatement la qualité d’un produit. Si vous avez un peu exagéré et que vous avez l’air de porter un ours en peluche de chez Gifi sur le dos, aucune d’entre elles ne se précipitera pour essayer de réaliser une vente. Nous voici à Paris VI, et dans cette portion de la ville, vous savez bien qu’on juge sur les apparences. Gardez la tête haute et pérorez. Oui, vous avez fait un choix éthique et non, ce n’est pas un compromis financier (alors que bon, soyons clairs, ça tombe bien, la fausse fourrure est tellement plus à portée de votre bourse). Laissez entendre que vous en avez une vraie, mais que vous ne la portez plus par choix moral. Personne n’ira vérifier…
Anaïs Ferrand