Observation des habitudes vestimentaires de la Germanopratine : les do et les don’t.
“Tu vas bien ?” demandez-vous à une amie que vous rejoignez au Flore. Or à peine venez-vous de franchir la porte qu’un nombre incalculable de paires d’yeux s’est déja porté sur vous et votre style. Et de la tête aux pieds, puisque le sport local, en terrasse, est de détailler les passants. Mais ça, en tant qu’habitante du “6”, vous le savez. Du coup, vous êtes rodée au shopping. Et, en bonne adepte du “locavorisme” appliqué aux fringues, vous n’achetez qu’à Saint-Germain-des-Prés. Un peu partout. Car vous savez depuis longtemps que le secret du bon look est dans le “Mix and match”. Ainsi vous n’ignorez pas que le côté ethnique d’une robe de chez Manoush, rue du Four, allié à des escarpins Sergio Rossi de la rue de Grenelle vous assureront une place au Panthéon des élégantes qui manient chic et second degré. Une performance que vous renforcez avec la désinvolture d’un perfecto Zara. Chaque année, les modèles de la marque espagnole sont formidables et chaque année on vous soupçonne d’avoir craqué pour un perf ’ Balenciaga. Mais ça, étant donné le prix de ce dernier au Bon Marché, c’est un investissement que vous ne pourrez réaliser que quand vous aurez épousé un acteur-réalisateur cool et fortuné pécho au Montana. Autant dire jamais… puisque c’est Cotillard qui vous l’a piqué. Mais passons. Côté chaussures – un gros sujet pour une femme – comme vous n’êtes pas touriste, mais bel et bien une Parisienne impatiente (c’est un pléonasme), vous refusez de faire la demi-heure de queue réglementaire chez Louboutin pour avoir le privilège de lâcher 450 € dans une paire de 12 cm qui vous plantera la soirée. Parce qu’à aucun moment, avec ce que l’on nomme communément ces “Fuck Shoes” (faites pour se tenir allongée), vous ne pourrez vous lever ou danser. Vous préférez donc acheter un modèle beau et futé de chez Tanya Health, rue du Dragon, à talons amovibles pour passer de la journée au soir en un tour de main. En été, vous virevoltez chez Joseph pour des tops sexys, et l’hiver, c’est sans compromis, vous allez chez Victoire pour vos pulls en cashmere achetés dans des couleurs qui claquent. Le noir, en 2014, vous le laisserez aux écrivains dépressifs. Cet été, est-ce que le rose n’était pas le “new black” ? C’est dire comme vous n’en êtes plus à cultiver votre côté sombre. Enfin, côté sac, depuis le “Paddingtongate” de Chloé, qui fut presque une pandémie dans le quartier, vous ne vous laisserez plus jamais aller à acheter un it bag. On ne dira jamais assez le drame d’en porter un à un SMIC qui soit démodé. À l’exception du 2.55 Chanel, intemporel. Mais ce dernier a le tort d’être estampillé “16”. En bonne habitante du “6”, vous préférez vous démarquer. C’est le cas de le dire. Là, on vous laisse chasser l’oiseau rare chez Jamin Puech ou dans un dépôt vente vintage, en attendant notre Saint Graal à toutes : le Hermès. Car, rappelons-le, aucune femme du Sixième ne saurait raisonnablement vieillir sans s’accrocher à son Birkin. Célèbre figure de style germanopratine s’il en est. CQFD.
Anais Ferrand